Recueil de poèmes de ma création (Etienne ®) :
Autres textes et poèmes choisis :
Hélas ! Le climat subit son dérèglement
Et notre planète se comporte follement.
Les hommes, de leurs malheurs, obstinés artisans,
Peinent souvent à se libérer de leurs tourments.
Un sursaut conscient de quelques méditants
Intervint un jour, un mois, un an : notre temps.
Respirant tout moment, instant après instant,
Ils s'accordèrent sur un but commun important.
Cultivant sans cesse l'esprit du débutant,
Commères et compères travaillent patiemment.
Des statuts précis ils accouchent lentement
Et font leur la décision par consentement.
L'intention d’œuvrer à quelque-chose de plus grand
Les pousse à construire, toujours plus confiants,
Comment se lier aux autres et à soi vraiment.
C'est ainsi que naquit l'atelier du présent.
Etienne de Boisredon, le 26 décembre 2018
On dirait que la vie, souvent, parfois,
Pousse devant nous les ans, jours, heures, mois,
Sans que l’on soit vraiment présent à soi,
Et qu’on agisse sans savoir dire pourquoi.
On peut s’enfermer dans ses certitudes,
Rester prisonnier de ses habitudes,
Tel une boussole, sans sud ni magnitude,
Avion cloué au sol, sans altitude.
Soudain on ouvre les yeux sur ses peurs,
Nos besoins émergent comme en pleine lueur.
Le « ici » prend la place de « l’ailleurs »
Et le « maintenant » celle du « tout à l’heure ».
Nos émotions nous parlent de leur voix ;
On fait ce qu’on décide, plus ce que l’on doit.
S’ouvre l’expérience d’une nouvelle voie ;
Celle, profonde, de faire de vrais choix.
Etienne de Boisredon, le 3 février 2019
Certains la croient l’apanage des vieux sages;
En fait, elle convient à tous et à tout âge.
Souvent, Cerveau s’agite comme un fou volage ;
Il suffit de le libérer de sa propre cage.
Corps lui servira de fuselage, de plumage
Et Cœur sera le doux et fidèle équipage.
Ensemble ils creuseront de durables sillages
Et formeront le plus suffisant des rouages
Pour affronter échouages, nuages et orages.
Tantôt, quand l’humaine tourmente fait rage,
On surnage au travers des mirages et ombrages
Que notre esprit distille d’un inconscient chantage.
On s’entraîne et la Conscience devient à l’usage
Avec discipline curiosité et courage
Une présence à soi, au monde telle l’image
Sur nos vies d’un délicat et solide voilage.
« De pleine conscience, méditation » tel un adage
« De bienveillance est l’attention » dirait le mage.
Etienne de Boisredon, le 21 avril 2019
Souvent, croyant les choses de haute importance,
Je m’impose, seul, de les faire de toute urgence.
Sans méfiance, je subis en vain cette endurance,
Folle et stérile danse à haute fréquence,
Dont l’infernale cadence se mue en transe
Que je me surprends à appeler « performance ».
J’y déploie une aisance qui traduit une errance
Où sens, nuances et conscience sont en carence.
IL S’AGIT PAR ESSENCE, A MOI-MÊME D’ABSENCE.
Parfois, une lueur de présence me devance,
Je me lance le défi de ma surveillance,
Me connecte à moi-même en toute transparence.
Telle une délivrance, mon esprit en partance,
Que j’observe avec tolérance et bienveillance,
Avec le corps et le cœur fait alors alliance.
Je ne pense plus, mais je guéris et me panse ;
Ainsi très humblement dans le dharma j’avance.
MON INCARNATION DE LA PRESENCE EST PATIENCE
Etienne de Boisredon, le 21 avril 2019
Le premier exprime la signification,
Fort utile pour humain en communication ;
Dire toute chose sans interprétation,
Que la réception soit conforme à l’émission ;
Ainsi règne l’harmonie de la relation
Comme expression la plus fidèle de l’intention.
Le second évoque dans quelle direction
Nous bougeons à partir de notre position.
Il définit l’azimut de nos impulsions
Depuis l’origine jusqu’à la destination.
Notre organisation selon l’orientation
Que guidera notre prise de décision.
Le tierce se renvoie à toutes nos perceptions,
Goût, toucher, odorat, vision et audition,
Pour peu que nous leur prêtions la juste attention,
Que soyons présents à ce que nous ressentions.
À l’écoute de notre humaine condition
Sachons capter directement nos sensations.
Ceci petit mot de simple constitution
Riche de quatre lettres et trois significations.
Etienne de Boisredon, le 21 avril 2019
Notre nature humaine génère le plus souvent
À l’égard de soi, des autres, des événements,
Des avis qui surgissent automatiquement,
Hâtivement, sans que nous le voulions vraiment.
En effet, notre cerveau, à chaque moment,
Produit et distille, du plus savant des talents,
Tous types d’opinions, du tout noir au tout blanc,
Que nous exprimons parfois d’un air suffisant.
Quel triste épanchement nous pousse devant « les gens »
À prendre posture de prétentieux enseignant,
À vouloir passer pour un savant, un pédant,
Se convaincre soi-même du moindre boniment ?
Tel un insatiable et séduisant tisserand,
Notre esprit file des pelotes d’arguments
Dont les nombreux tortueux enchevêtrements
Formeraient à eux seuls le plus grand monument.
Cette partie de nous, si précieusement
Aidante pour le quoi, le pourquoi, le comment,
Se comporte comme la boussole à l’aimant,
Semblant vouloir dire : « Toujours plus, donne m’en ! »
Dans nos liens aux autres, combien de fois pesant
Se fait sentir ce lourd dysfonctionnement
De livrer trop vite et indélicatement
Quelque point de vue, une idée, un sentiment,
Qui sera perçu comme étant ambivalent
Si pas piquant, infâmant, voire même méchant ?
Voyons alors ensemble quel raisonnement
Adopter afin de pouvoir dire « c’était avant »
Et dans le « où ? Ici ! » et le « quand ? Maintenant ! »,
Adapter au plus juste notre comportement.
Nous pouvons en dedans, sans autre équivalent,
Marchant, respirant, en étant juste vivant,
Observer et scruter tel un soleil levant,
Nos pensées prolifiques lesquelles en se formant,
Permettent que nous, intentionnellement,
Y puisions en conscience, instant après instant.
On ne cédera ainsi plus au moindre élan
De son mental, indiscipliné garnement ;
Nous appliquant à être volontairement
Du temps présent les lents et patients artisans,
De sorte à cultiver contre marées et vents,
L’élégante attitude du non jugement.
Etienne de Boisredon, le 5 mai 2019
Souvent vue comme une limite intermédiaire,
Séparant et opposant deux lopins de terre,
Explorons celle que nous croyons familière,
Trop fréquemment simpliste, la notion de frontière.
Cette façon de voir avec nos œillères
Alimente à tort une vision trop grossière
Que notre esprit privilégie en mode binaire
Et ainsi d’autres vérités nous exonère.
D’un regard neuf d’aujourd’hui plutôt que d’hier
Nous fera percevoir ce qu’il y a derrière ;
Ce tracé partagé sera d’une manière
Non la barrière, mais la commune lisière.
Cette zone s’enrichit de devenir entière,
Quittant son rôle de chimère mortifère,
Devenant chère terre nourricière
Que les humains voisins partageront en frères
Comme ils respirent à la même ère le même air.
De cette façon de voir ils pourront être fiers.
Libérons-nous de cette vision qui obère,
De nos schémas anciens qui, sourds comme la pierre,
Nous empêchent de souffler la lourde poussière
Sous laquelle affleure notre Humanité sincère.
Etienne de Boisredon, le 11 mai 2019, modifié le 4 mars 2022
Lors de notre vie sur terre parfois nous souffrons ;
Une partie de notre corps comme un tison,
De nuisibles idées, visions, telles des poisons,
Remous d’émotions enfermant l’âme en prison.
L’existence nous semble alors lourde cargaison
Et l’avenir le plus sombre des horizons.
Le piège de nos pensées a l’inclinaison
De nous inciter à baisser le pavillon,
De refuser de répondre à toutes questions
Voire de rédiger notre propre oraison.
La Vie alors, telle une plante en floraison,
Fait émerger une étincelle, une intuition,
Que rarement nous expliquons ni comprenons,
Qui nous ramène d’une certaine façon,
Dans notre intimité, comme à notre maison,
Nous faisant quitter notre état de pâmoison.
Peut alors s’engager la réparation,
L’ouverture d’un chemin qui permet une union
Du cœur et du corps ainsi qu’avec la raison,
Qui du verbe « être » en soit l’incarnation,
L’expression vivante d’une humaine conjugaison
À l’image prometteuse d’un fertile bourgeon.
Sans y chercher aucune signification,
Par la douce pratique de la méditation,
Il se peut que, surpris, nous y découvrions
Une voie possible, celle de la guérison.
Etienne de Boisredon le 18 mai 2019
Comment illustrer le non concept d’éveil ?
Ce serait un peu comme sortir de son sommeil,
Émerger doucement, en état de réveil,
Avec le corps, qui, par petites touches, bégaye.
Progressivement, la nue conscience se fraye
Un chemin physique qui commence aux orteils
Et chemine lentement jusqu’aux deux oreilles.
La moindre de nos perceptions devient merveille;
Le doux bruit de l’abeille, la chaleur du soleil,
L’acide groseille, la profondeur du vermeil...
La Vie qui irrigue notre vie nous égaye,
D’une frugalité à nulle autre pareille,
Qu’aucune monnaie ni argent jamais ne paye.
Explorant la vie dans le plus simple appareil,
Plus besoin de message au fond d’une bouteille,
Dans le calme et le chaud silence je m’asseye
Et en pleine présence de moi-même je veille.
Etienne de Boisredon, le 18 mai 2019
Je formule l’hypothèse que l’humanité
Pour toucher un serein bonheur et le goûter
Doive faire l’expérience épurée
Du seul et strict nécessaire se sustenter.
On ressent ainsi une telle légèreté,
Laquelle le confine à une joyeuse liberté
Qui n’a d’égale que la seule conviction ancrée :
Le partage des Ressources comme nécessité.
La tête de tourments en sera allégée,
Le corps de lourdeurs en sera débarrassé
Et le cœur librement pourra s’envoler.
L’être tout entier sera ainsi soulagé.
A l’essentiel l’humain pourra se consacrer;
Au but de ses actions, au sens de ses pensées,
À la manière que son âme a de vibrer;
Sûrement le plus beau : être, faire et (s’)aimer
Etienne de Boisredon , le 18 mai 2019
Observons ici, ce jour, comment les couleurs,
Au-delà de nos yeux, impactent notre cœur.
Elles remplissent notre vue de leur riche lueur
Et guident, dans nos vies, la valse des humeurs.
La plus sombre revêt nos pires cauchemars ;
Trou sans fond, on ne peut que la voir et y choir;
Elle incarne la beauté de la nuit : le NOIR.
La seconde, d’un jeu ambigu de reflets
Simule le goût d’un vin capiteux au palais;
Elle exprime un chaud-froid incertain : le VIOLET.
La tierce, perçue d’un ton froid ou chaleureux,
Génère la noblesse d’abysses radieux.
Elle est à elle seule la profondeur : le BLEU.
Ensuite vient celle dont on dit qu’on espère,
Par laquelle la nature et ses odeurs prennent chair.
Elle accouche toute vie d’un renouveau : le VERT.
L’œil voit le sillon de sang creusé à la gouge ;
La peau sent la chaleur, les éclats : le feu bouge.
Elle bouillonne, explose et hurle de joie : le ROUGE.
Puis la teinte qui adoucit toutes les causes
D’un goût finement sucré sécrète sa dose.
Elle enivre, mièvre, notre odorat : le ROSE.
L’insolente nuance faite d’un mélange,
Tel un soleil couchant qui darde ses franges,
Elle pétille et scintille, étrange : l’ORANGE.
Surgissant de la lumière telle une amazone,
Par sa force créatrice que rien ne détrône,
Elle brille, chauffe et luit de mille éclats : le JAUNE.
Enfin émerge le ton laiteux, apaisant
D’un troublant calme froid, lent et assourdissant.
Elle revêt son lourd manteau ambiant : le BLANC.
Chacune à son langage, exprime sa chaleur ;
Nous pouvons à chaque heurt, y regarder, rieurs,
Les multiples reflets du pire et du meilleur
Dont l’écho de notre âme résonne en profondeur.
Etienne de Boisredon , le 19 mai 2019
Bien que me concentrant d’un effort maximal,
Recherchant à atteindre l’éveil comme un graal,
D’une posture que je voudrais idéale,
Souvent, fréquemment, sur des obstacles je cale.
Le premier des obstacles est lorsque je m’endors;
J’ai beau beaucoup lutter, malgré tous mes efforts,
Je sombre comme on glisse au-dessus d’un plat bord,
Tel un spectre flottant le long d’un corridor.
Issue ? Suivre mon souffle comme un sémaphore.
Le second des obstacles vient de distraction;
L’esprit, séduit, s’évade comme un papillon ;
Présent et futur s’enchaînent tels des maillons;
Leurs idées tournoient pareilles à un tourbillon.
Issue ? Ramener dans le présent ma concentration.
Le troisième obstacle consiste à comparer,
À juger, à qualifier… Toujours je le fais,
Tel un automate arbitrairement réglé
À l’heure d’un mécanisme dont je n’ai plus la clef.
Issue ? Vivre chaque expérience telle qu’elle est.
Le quatrième obstacle provient de toute absence
De sensations, de ressentis, de résonances;
Me perdant dans la recherche de performance,
Je ne perçois physiquement plus de nuances.
Issue ? Avec patience écouter tous mes sens.
Un cinquième obstacle résulte que je m’agite.
« Tout cela est trop lent ! Que se passe-t-il ensuite ? »
Sans réaliser que je suis sur une orbite
Où je veux arriver toujours, encore plus vite !
Issue ? Goûter une saine lenteur inédite.
Un sixième obstacle revient à sentir le doute,
L’aversion, l’avidité, lesquelles s’ajoutent;
« Vais-je réussir ? », « Suis-je sur la bonne route ? »,
« Cette pratique je ne l’aime pas », ou « je la veux toute ».
Issue ? Vivre chacun instant comme un goutte-à-goutte.
Un dernier obstacle qui en recoupe plusieurs
Est celui des croyances qui m’induisent en erreur;
Mon esprit, taquin, infatigable joueur,
Conçoit savamment les mirages et les leurres.
Issue ? Proclamer les faits tangibles comme ambassadeurs.
Toutes ces entraves peuvent sembler bien déloyales;
Pour mon apprentissage elles sont pourtant cruciales;
Elles sont un paradoxe, donc une bonne étoile
Et, de nature humaine, parfaitement normales.
Etienne de Boisredon, le 21 mai 2019
Silence, quel paradoxe que ton existence !
Je ne peux prononcer ton nom par essence
Ni risquer d’exprimer par la moindre éloquence
Sans réduire à néant ta gracile consistance.
Subtile fragilité, telle une faïence,
Ta nature ne tolère aucune nuance
Et toute sonore et infime nuisance
Crée ta disparition comme conséquence.
Ce qui définit ton épaisse substance
Tient dans le plein de vide, dont la quintessence
N’a d’égale qu’une infinie sourde béance :
Ta présence n’incarne que les reflets d’absences.
Dès le plus jeune âge, tu génères dans l’enfance
La peur, par la violence de ton indolence,
Qui alimente l’inégalable défiance
D’un nocturne cauchemar par son insolence.
Comment, adultes, sortir de cette méfiance,
Échapper aux vertigineuses turbulences ?
Pouvons-nous entrer en intime résonance,
Avec ce doux néant, rétablir la confiance ?
Une voie possible consiste en l’expérience
De nous installer dans une immobile transe,
De mettre doucement en éveil tous nos sens
Et permettre à notre être d’être à la présence.
Goûtons à cet allié de la non-violence,
De la paix fer de lance et de la résilience.
Que notre âme lui fasse alliance, fasse audience ;
Que la réalité efface nos croyances.
Les sons du monde nous feront mille confidences
Grâce à notre attention, à notre vigilance ;
Du souffle la danse, du cœur la cadence
Rythment notre vie de la pleine conscience.
Etienne de Boisredon, le 31 mai 2019
Par le temps qui passe et la Vie, la liaison
Que nous pouvons imaginer avec raison,
Est une lente et subtile combinaison
Du phénomène, doux, naturel, des saisons.
Une nouvelle vie, un nouvel habitant,
Un cœur qui bat, insolent, vif et palpitant,
La nature s’éveille, se mue, pousse et s’étend;
Les bourgeons, feuilles et fleurs s’ouvrent en crépitant,
Les nectars s’exhalent, les nez se dilatant,
Il flotte dans les airs un parfum excitant,
Celui d’un renouveau, généreux, entêtant,
L’éclatante saison appelée le Printemps.
Semblant bien décidé à ne pas s’arrêter,
Nature prend possession, jusqu’à satiété,
Exprime sa richesse, toutes ses variétés.
Il règne la chaleur, les éclats, la gaieté,
L’humain grandit, se grise, tel en ébriété,
Des nouvelles expériences : tempêter, s’inquiéter, ...
La vie passe, et d’une riche sobriété,
Succède la saison qu’on appelle l’Été.
Les feuilles brunissent, tombent et tourbillonnent,
Au premier regard tous nous semble monotone,
L’ambiance fraîchit et paraît peser une tonne ;
Pourtant, à bien regarder, tout nous étonne.
L’être humain, sensible, pourrait sombrer, atone ;
Ou, mature, il questionne, rayonne et papillonne.
C’est le temps précieux du recul que l’on se donne :
La saison assagie dont le nom est l’Automne.
Puis le froid vient et saisit, tout est recouvert,
La nature mûrit son cycle non linéaire,
Par la peau et le nez, la consistance de l’air
Rappelle à l’humain, âgé, la fin de son ère.
Une méditation, selon qu’il est ouvert,
Fera la résonance, par des échos divers
Au sens de sa vie, sa place dans l’univers.
Ainsi s’achève un cycle, la saison de l’Hiver.
Entre ces périodes abattons les cloisons,
Goûtons des effets du temps la conjugaison,
Vivons au temps présent sans les comparaisons.
Ainsi va la vie, au lent rythme des saisons.
Etienne de Boisredon, le 1er juin 2019
Une caractéristique de notre humanité
Et de spontanément les choses regarder,
Les qualifier selon une dualité
Et de croire qu’il faut soit perdre soit gagner.
De fait, notre manichéenne ambiguïté
Manipule souvent notre esprit embrumé
Lequel ne sait plus alors vraiment distinguer
Toutes riches nuances de la réalité.
Si j’accepte de lâcher, ne pas m’accrocher,
Peut-être puis-je m’ouvrir à une vérité ?
Celle qui est de simplement considérer
Que chaque acte, chaque chose, peut m’enseigner.
C’est là une richesse de l’altérité,
L’expérience de vie dont je veux témoigner :
Ouvrir grands nos yeux, hors de toute vanité,
Sans jugement de l’instant présent s’imprégner.
S’offre ainsi à nous un espace à inventer,
Celui, nouveau, dès nos croyances abandonnées,
De pouvoir observer, goûter, sentir, regarder,
Puis, consciemment, décider de nous ajuster.
Etienne de Boisredon, le 31 mai 2019
J’ai souvent le troublant sentiment que de vivre
Est l’expérience de chacune de nos fibres
Se tenant à chaque instant en équilibres.
Ce qui les rend pour moi identifiables
Est la nature de leur position, instable.
On croit le socle dur, il est composé de sables
Mouvants, lesquels, thixotropes, sont friables.
Les aspects de notre vie, sur lesquels on table,
Et que l’on croit, par trop souvent, incassables,
Se révèlent parfois, ô surprise, non viables;
La réalité s’impose, toujours immuable.
Nos expériences, de temps en temps désagréables,
Sont le miroir des reflets impitoyables
Du réel, tantôt solide, tantôt vulnérable,
Et simplement ce qu’il est, ni ange ni diable.
Nos ressentis, effroyables ou enviables
Ou neutres, sont les seuls éléments fiables
De notre singularité inimitable,
Notre identité, seule unicité valable.
Notre corps sera parfois tendu comme un câble,
Créant des perceptions plus ou moins aimables ;
Notre esprit, nos idées, funambules perméables
S’agiteront comme la mouche de la fable.
Ainsi mon être peut remercier ces équilibres,
grâce auxquels à chaque instant vacille et vibre
Mon corps/esprit qui revendique d’être libre.
Etienne de Boisredon, le 2 juin2019.
Si je consens à montrer mes fragilités,
De ne pas masquer ni cacher mes talons d’Achille,
La relation que je pourrais développer
Avec moi-même, avec les autres, en vaudra mille.
Je peux intentionnellement décider
De sortir des faux-semblants répétés, stériles
Et cesser de dire pour me faire remarquer
Toute vaines paroles perdues, volatiles.
Du plus grand naturel, finir par accepter
De L’ego et du monde n’être plus le nombril.
Par simple expression de ma sobre humanité
Quitter un rôle artificiel et futile.
En communication, cesser d’influencer
Séduire, embobiner, charmer, battre des cils.
Laisser être, vivre, apparaître en vérité
Et adopter l’authenticité comme style.
Se dire chaque jour avec humilité :
Chaque pièce a ses deux côtés : face et pile.
Ce principe de vie que je veux adopter
Sera plus fructueux, plus sain : le plus utile.
Je peux faire avec mes vulnérabilités
L’expérience d’être mon propre vigile.
Dans ma vie, oser, décider et ancrer
Cet apprentissage constant, indélébile.
Si je peux avec simplicité façonner
Dans l’espace de l’instant comme de l’argile
Ce qui fait mon unité, mon identité,
Alors ma plus grande force est d’être, fragile.
Etienne de Boisredon, le 3 juin 2019
J’ai trop longtemps mis mes émotions de côté
Et pendant des mois, des années, entretenu
Un avatar faussé de mon identité,
Pastiche de moi dont j’étais le détenu.
J’ai enduré un temps quelque difficulté
Prise de plein fouet, telle une déconvenue.
Ainsi, par une malheureuse adversité,
Un bel inattendu réveil est advenu.
Première sensation : au fond d’un puits jeté,
Le corps meurtri, la tête sous l’eau maintenue,
Sourde sensation de froid, même en plein été,
Trouble confusion par un malheur malvenu.
L’assourdissante douleur, dont l’intensité
Devint très progressivement discontinue.
Puis, lasse, finit lentement par s’estomper
Permettant ainsi au cœur d’être contenu.
La raison s’établit; le recul d’arrêter
Désarroi, chaos, tohu-bohu biscornu.
Cultiver ma présence génère la netteté
De mon être, simple, sobre, vrai, humble, nu.
Patient, avec douceur, j’apprends à méditer;
Des prises de conscience, importantes ou menues,
Volant comme des bulles viendront me visiter
Par l’exercice de mon attention soutenue.
Célébrer la révélation, la vérité :
Toujours découvrir cet éternel inconnu,
Celui que je suis, je serai et ai été.
Il est temps de m’accueillir enfin : bienvenue !
Etienne de Boisredon, le 9 juin 2019
Quelle riche notion que la rencontre !
Par ces différents sens, elle se raconte :
Une notion serait le rendez-vous.
On définit le « qui », le « quand », le « où » ;
On espère qu’il sera agréable, doux ;
Et, en présence, on en perçoit le goût.
La signification de l’entrevue
Renvoie à celle d’avoir un aperçu,
Comme fortuit, fugace, presque imprévu,
Qui mérite que l’on soit à l’affût.
Un troisième avis serait le contact,
Lequel, ponctuel, traduit un impact
Dont avec l’autre, malgré notre tact,
Ne laissera peut-être pas intact.
Une voix possible est l’agrégation
Avec les autres, d’où une appréciation,
De convergence ou différenciation ;
In fine, un avis : conciliation.
Une traduction serait la jonction,
De plusieurs chemins une intersection,
Le choix de prendre quelle direction
Parmi des options, une médiation.
Enfin survient l’idée des retrouvailles,
Avec soi ou les autres, vaille que vaille;
La joie ou la peur nous tient en tenaille :
Les émotions agitent nos entrailles.
Toute cette opulence le démontre :
Pour appuyer cette abondance contre
Ces vers exprimant ce qu’est la rencontre.
Etienne de Boisredon, le 9 juin 2019
"L'être humain est un lieu d'accueil,
Chaque matin un nouvel arrivant.
Une joie, une déprime, une bassesse,
Une prise de conscience momentanée arrivent
Tel un visiteur inattendu.
Accueille-les, divertis-les tous
Même s'il s'agit d'une foule de regrets
Qui d'un seul coup balaye ta maison
Et la vide de tous ses biens.
Chaque hôte, quel qu'il soit, traite-le avec respect,
Peut-être te prépare-t-il
A de nouveaux ravissements.
Les noires pensées, la honte, la malveillance
Rencontre-les à la porte en riant
Et invite-les à entrer.
Sois reconnaissant envers celui qui arrive
Quel qu'il soit,
Car chacun est envoyé comme un guide de l'au-delà.
Rumi
Poète et mystique soufi du 13e siècle en Perse
cité dans le livre de Jack Kornfield, Après l'extase la lessive, Éd. La Table ronde
Je marche le long d'une rue
Il y a un grand trou dans le trottoir
Je tombe dedans
Je suis perdue…je ne sais pas quoi faire
Ça me prend une éternité pour m'en sortir.
Je déambule le long de la même rue
Il y a un grand trou dans le trottoir
Je fais semblant de ne pas le voir
Je tombe dedans encore une fois
Je ne peux pas croire que je me retrouve dans le même pétrin
Mais ce n'est pas de ma faute
Ça me prend encore un bon moment avant de m'en sortir.
Je redescends la même rue
Il y a toujours un grand trou dans le trottoir
J'ai conscience qu'il est là
Je tombe dedans quand même…par habitude
Je vois clair
Je sais où je suis
C'est de ma faute
Je me sors de là aussitôt.
Je marche le long de la même rue
Il y a un trou dans le trottoir
Je le contourne.
Je prends une autre rue.
Portia Nelson
En cherchant la solitude,
Je découvre partout des connexions ;
En me tournant vers ma douleur,
Je rencontre le guerrier qui vit à l’intérieur ;
En m’ouvrant à ma perte,
Je reçois l’étreinte de l’univers ;
En me soumettant au vide,
Je trouve la plénitude sans fin ;
Chacun des maux que je fuis me poursuit ;
Chacun des maux que j’accueille me transforme,
Et se transforme lui-même, tel un joyau,
En son essence éclatante.
Je m’incline devant celui qui a créé les choses ainsi,
Qui a conçu ce Jeu Magistral ;
Y jouer est un pur délice,
Honorer sa forme, une pure dévotion.
Jennifer Paine Welwood, « Inconditionnel »
Un jour tu as finalement su
Ce que tu avais à faire et à commencer,
Bien que les voix autour de toi
te hurlaient encore
Leurs mauvais conseils-
Bien que toute la maison
avait commencé à trembler
et que tu avais encore
le boulet à tes chevilles.
« Répare ma Vie ! »
pleurait chaque voix.
Mais tu ne t’es pas arrêtée.
Tu savais ce que tu avais à faire,
bien que le vent attaquait
de ses doigts obstinés
Les fondations les plus intimes,
bien que leur mélancolie
était atroce.
Il était déjà tard,
et une nuit violente,
et la route pleine de branches tombées
et de pierres.
Mais petit à petit,
comme tu laissais les voix derrière toi,
des étoiles ont commencé à briller à travers le manteau de nuages,
et il y a eu une voix nouvelle que tu as lentement reconnue comme étant la tienne,
qui t’a tenu compagnie tandis que tu arpentais à grands pas
le monde de plus en plus loin,
déterminée à faire
la seule chose que tu pouvais faire-
déterminée à sauver la seule vie que tu pouvais sauver.
Mary Oliver
A l’intérieur de nœud chaud et dense de la sensation brute,
Ici au cœur de la puer et de la douleur,
Je trouve la flamme de la vérité.
Mon chemin passe à travers – plongeant droit
dans les conditionnements passés me proposant
de me cacher ou de me mettre sur le côté
Lorsque je m’adoucis, m’ouvre, accepte et reçois,
le flux d’énergie est immédiat
Rien d'autre n'est nécessaire pour s'éveiller complètement
que l'expérience intime du moment présent
Danna Faulds (femme poète et pratiquante du yoga Kripalu)
Il était une fois un paisible baudet du Poitou, que des circonstances fortuites entraînèrent sur les mers. Le bateau où il avait embarqué en compagnie de trente de ses congénères, quatre-‐vingts vaches et veaux, et nombre de moutons, coqs et poules, fit naufrage dans l’océan Pacifique. Le hasard des courants le jeta à demi-‐mort sur un rivage de Chine. Là, il dut survivre, selon l’herbe, et les méandres des rivières. C’est ainsi que, une année après la catastrophe, il broutait tranquillement au cœur de la forêt de Tian.
Les habitants ordinaires de la forêt, singe, renard, et Sa Seigneurie le tigre, n’avaient jamais connu d’animal semblable. Le singe le premier l’observa du haut d’un arbre :
« II s’apparente au cheval, dit-‐il à ses compagnons, mais il est plus petit, plus poilu. Ses oreilles sont grandes, la queue mince comme un fouet s’achève par une touffe.
- Et que fait-‐il ?
- Il broute, il broute inlassablement.
– A‐t‐il des intentions belliqueuses ? interrogea le renard, toujours prudent.
– Quant à moi, je ne crains guère les mangeurs d’herbe », déclara Sa Seigneurie le tigre, et, haussant dédaigneusement les épaules, il se recoucha.
– C’est-‐à-‐dire…, fit le singe en hésitant, je me suis approché de cet animal étrange, et je l’observais, dissimulé dans le feuillage épais d’un camphrier, quand il a brusquement levé la tête vers le ciel, et poussé un cri assourdissant, horrible, épouvantable ! Je suis parti aussi vite que je l’ai pu, et me voici.. conclut-‐il piteusement.
– Hum ! fit le renard, je vais me glisser dans les herbes, et aller voir cela de plus près. Viendrez-‐vous avec moi, Seigneur ? demanda-‐t-‐il poliment au seigneur tigre.
– Bof , fit ce dernier, en jouant avec ses griffes redoutables.
Le renard s’approcha de l’endroit où maître Aliboron continuait de brouter. Au bruit léger qu’il fit, l’âne leva la tête, et lança à tout hasard un braiment tonitruant. Le renard affolé, qui n’avait jamais ouï de pétarade aussi éclatante, se sauva à toutes pattes. Il fit son rapport à Sa Seigneurie le tigre.
– Bon, dit le félin, il faut donc que j’aille voir cela par moi-‐même ! » . Il se dirigea vers la prairie, où l’âne, qui ne se doutait de rien, broutait à loisir, choisissant ici et là les herbes qui flattaient son palais, ajoutant de temps en temps quelque chardon bien épineux, en guise de délicates épices.
Le tigre avançait souplement. Quand il fut tout proche, l’âne détecta une présence insolite parmi les fourrés, il lança un braiment d’avertissement. Au bruit formidable, le félin recula d’un pas. Mais il se ressaisit. Je suis le tigre, le seigneur de ces lieux, s’encouragea-‐t-‐il, et il s’approcha de nouveau à foulées prudentes.
Alors l’âne, les flancs creusés pour mieux expulser l’air, la tête levée vers les cieux, les naseaux dilatés, la queue droite, les oreilles haut dressées, lança trois fois de suite un braiment étourdissant, phénoménal, audible à des kilomètres : « HI HAN, HI HAN, HI HAN… ! » Le tigre, cette fois eut vraiment peur. « II va me dévorer », se dit-‐il, et toute honte bue, il s’enfuit vers sa demeure.
Il était presque arrivé chez lui quand un reste d’orgueil lui cingla les reins: «Je vais affronter ce monstre, gronda-‐t-‐il dans sa moustache. Je le dois à mes glorieux ancêtres, et dussé-‐je périr, je ne faillirai pas à l’honneur ! » Armé d’un noble courage, Sa Seigneurie le tigre revint dans le pré, où l’âne du Poitou, paisiblement, broutait. Le félin s’installa à l’orée des arbres et, bien dissimulé, il attendit. L’animal étrange broutait toujours. De temps en temps, soit qu’il eût détecté une présence inconnue, soit pour se distraire, ou pour s’éclaircir le gosier, il lançait vers les nues son braiment sonore.
Le tigre, peu à peu, s’habituait à ce bruit stupéfiant, qui n’était suivi d’aucun effet. Et les heures du jour passèrent. L’âne broutait, le tigre guettait. La nuit était presque venue quand le Seigneur de la jungle osa s’approcher. L’âne émit un braiment indigné, qui remplit de crainte les bêtes de la forêt. Le tigre recula d’un pas, et de nouveau s’avança. Le baudet, importuné, lança une ruade, que le tigre évita facilement. Le manège se renouvela plusieurs fois. Le tigre s’approchait, l’âne ruait dans le vide. « Bon, se dit le tigre, qui progressivement se rassurait, cet animal bizarre n’est pas dangereux. il possède le tonnerre dans son gosier, mais c’est tout ce qu’il sait faire!»
Et la peur le quitta.
(D’après Henri BRUNEL Les plus beaux contes zen (Editions Points)
Il n'y a pas de vie contrôlable
Essaie d'étreindre un éclair, de contenir une tornade.
Endigue un ruisseau et cela créera un nouveau canal.
Résiste, et la marée te fera chavirer (te balayera)
Permet, et la grâce t'emportera vers une terre plus élevée
La seule sécurité réside dans le fait de tout permettre –
L'agitation et la faiblesse; la peur, les fantasmes, les échecs et les succès.
Lorsque la perte arrache les portes du cœur,
Ou la tristesse voile ta vision de désespoir,
La pratique devient simplement de soutenir la vérité
Face au choix de lâcher sa façon connue d'être,
Le monde entier est révélé à ton nouveau regard.
Danna Faulds (femme poète et pratiquante du yoga Kripalu)
"Qui a fait le monde?
Qui a fait le cygne et l'ours noir?
Qui a fait la sauterelle?
Je veux dire celle-‐ci-‐
celle qui a bondi hors de l'herbe,
celle qui mange du sucre au creux de ma main,
qui bouge ses mandibules de gauche à droite, plutôt que de haut en bas-‐ qui
regarde autour d'elle avec ses énormes yeux compliqués.
La voilà qui lève ses pâles avant-‐bras et se nettoie soigneusement la tête.
La voilà qui déploie ses ailes, et s'envole au loin.
Je ne sais pas exactement ce qu'est une prière.
Mais je sais comment prêter attention, comment tomber
dans l'herbe, comment m'agenouiller dans l'herbe,
comment flâner et être comblée, comment errer à travers les champs, ce
que j'ai fait tout au long de la journée.
Dis-‐moi, qu'aurais-‐je dû faire d'autre ?
Tout ne finit-‐il pas par mourir, et trop rapidement ?
Dis-‐moi, qu'entends-‐tu faire
de ton unique, sauvage et précieuse vie ?"
Mary Oliver